Pour bon nombre de familles, le diagnostic de perte auditive chez un enfant est difficile. En effet, plus de 90% des enfants présentant une perte auditive à la naissance ont des parents entendants (Mitchell et Karchmer, 2004), ce qui explique pourquoi ils souhaitent souvent s’assurer que leur enfant puisse développer le langage parlé.
Bien que nous sachions qu’aucune approche à elle seule n’est en mesure de répondre aux besoins individuels de tous les enfants, les études démontrent que l’audition (entendre) est le moyen privilégié pour l’acquisition du langage parlé (Sloutsky et Napolitano, 2003; Tallal, 2004). De nos jours, l’évolution des technologies auditives permet d’optimiser l’accès aux sons chez les enfants présentant une perte auditive, et ce, peu important le degré de la perte, de léger à profond. Les sons stimulent les aires auditives du cerveau, responsables de la fonction auditive. Les recherches en neurosciences suggèrent que si la fonction auditive n’est pas stimulée durant la période critique d’apprentissage du langage, c’est-à-dire pendant les trois premières années de vie, la capacité de l’enfant à utiliser le message acoustique du cerveau peut diminuer de façon significative (Sharma, Dorman et Sphar, 2002).
La pratique de l’éducation auditive-verbale favorise le développement des habiletés d’écoute et guide les parents afin qu’ils deviennent les principaux intervenants dans le développement du plein potentiel d’écoute et de langage de l’enfant. Les fondements de cette pratique sont basés sur les 10 principes suivants de l’Alexander Graham Bell Academy (traduction libre).
- Promouvoir le diagnostic précoce de la surdité chez les nouveau-nés, les nourrissons, les tout-petits et les jeunes enfants, suivi par une gestion audiologique immédiate et une intervention auditive-verbale.
- Recommander une évaluation audiologique immédiate et la technologie d’amplification la plus récente et la plus appropriée afin d’assurer les meilleurs bénéfices de la stimulation auditive.
- Guider et former les parents à aider leur enfant à utiliser l’audition comme moyen principal pour le développement de l’écoute et du langage.
- Guider et former les parents à devenir les principaux intervenants dans le développement du langage et des habiletés d’écoute de leur enfant, grâce à une participation constante et active dans l’intervention auditive-verbale.
- Guider et former les parents à créer un environnement qui favorise l’écoute dans l’acquisition du langage parlé tout au long des activités quotidiennes de l’enfant.
- Guider et former les parents à aider leur enfant à intégrer l’écoute et le langage parlé dans tous les aspects de sa vie.
- Guider et former les parents à utiliser des modèles naturels pour le développement de l’audition, de la parole, du langage, de la cognition et de la communication.
- Guider et former les parents à aider leur enfant à autoévaluer son langage parlé par l’écoute.
- Effectuer des évaluations diagnostiques formelles et informelles afin d’établir un plan d’intervention individualisé auditif-verbal, de vérifier le progrès et valider l’efficacité de la planification pour l’enfant et sa famille.
- Promouvoir l’intégration scolaire en milieu régulier avec leurs pairs entendants , et ce, dès la petite enfance, accompagné de services appropriés.
L’éducation auditive-verbale est la seule pratique centrée sur l’accès à l’audition et sur l’entrainement auditif afin d’arriver à développer le langage parlé. Il est donc juste de dire que c’est le seul mode de communication qui est à même de tirer le plus grand profit des avantages qu’offrent les nouvelles technologies d’amplification et ainsi permettre à de plus en plus d’enfants présentant une déficience auditive d’acquérir l’écoute et le langage parlé. Soulignons que les élèves bénéficiant de cette approche et intégrés en milieu scolaire régulier fonctionnent sans interprète et sans langage gestuel (ASL, LSQ, LPC ou autre).
Pour en savoir davantage, consultez l’article disponible sur le site web de l’Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs (AQEPA), qui résume parfaitement les principes de cette approche.
Vous pouvez aussi consulter Listening and Spoken Language – Hearing First
Pour une lecture plus approfondie, vous pouvez vous tourner vers le livre « Apprendre à écouter et à parler – La déficience auditive chez l’enfant » d’Elizabeth M. Fitzpatrick et Suzanne P. Doucet.
Le ministère de l’Éducation du Québec et l’ÉOMS
L’École orale de Montréal pour les sourds (l’ÉOMS) est une école d’adaptation scolaire privée à intérêt public, spécialisée en déficience auditive. Elle fait partie du Réseau des écoles privées d’adaptation scolaire (REPAS), de la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) et de l’Association des écoles privées du Québec (QAIS).
En tant qu’école privée à intérêt public, l’ÉOMS est en partie subventionnée par le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ). La vaste majorité des élèves qui fréquentent l’école y sont référés par les Centres de services scolaires et par les commissions scolaires anglophones de la grande région de Montréal. Les références peuvent aussi être faites par des professionnels de la santé ou des membres de la famille. L’objectif ultime demeure l’intégration scolaire en milieu régulier.
Par ailleurs, aussi soucieux de soutenir la réussite de l’intégration scolaire en milieu régulier pour les élèves présentant une déficience auditive, depuis plus de trente ans, le MEQ mandate l’ÉOMS pour la mise en place d’un service suprarégional afin d’accompagner les intervenants des commissions scolaires anglophones du Québec qui comptent des élèves présentant une déficience auditive.